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80km/h sur les routes secondaires : accepter d’être impopulaire pour sauver 400 vies par an

Plusieurs semaines après les rumeurs, le Premier ministre a annoncé officiellement aujourd’hui une série de mesures pour améliorer la sécurité routière et réduire le nombre de tués sur les routes.

La mesure qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et qui sera celle que l’on retiendra sera sans conteste le passage à 80km/h maximum sur certaines routes aujourd’hui limitées à 90km/h.

Cette mesure n’a qu’un seul objectif : sauver des vies.

En tant que citoyen, je suis instinctivement défavorable à cette mesure car je la vois comme une contrainte supplémentaire. Pouvoir rouler à 90km/h peut sembler être une vitesse raisonnable et maîtrisable, qui me permet d’aller au plus vite là où je dois aller.

Le fait est que depuis quelques mois, je ne suis pas seulement un citoyen mais aussi un élu de la République qui doit réfléchir à l’intérêt général avant de penser à l’effet d’une mesure sur ma vie quotidienne personnelle. Cela change fondamentalement tout.

En effet, les chiffres de la mortalité routière sont clairs : après des années de baisse, le nombre de morts est reparti à la hausse depuis 3 ans. Aujourd’hui, ce sont plus de 3 500 morts et 70 000 blessés par an. Ces chiffres sont inacceptables.

Pourquoi agir sur la vitesse des routes aujourd’hui limitées à 90 km/h ? D’abord, la vitesse est la première cause de mortalité sur les routes françaises : elle est responsable de 32% des décès, soit plus de 1 000 morts par an. Ensuite, en 2016, 55 % de la mortalité routière est survenue sur les routes dites secondaires, ces mêmes routes limitées à 90 km/h aujourd’hui. C’est donc sur ces routes que nous devons agir en priorité et où les résultats seront le plus significatifs.

Avec cette mesure, 300 à 400 vies pourraient être sauvées par an, alors que la différence de temps de trajet entre une conduite à 80 ou 90km/h est de seulement 3 minutes sur une distance de 40 km. Nos vies valent plus que quelques minutes gagnées en voiture. Je sais que cette mesure est impopulaire, qu’elle engendre des critiques, mais pour une vie sauvée par jour (400 par an), nous, élus, assumons cette impopularité.

En outre, le Premier ministre a assuré que si les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances après deux années de mise en œuvre, le Gouvernement prendra ses responsabilités. En tant que parlementaire, je puis vous assurer que je serai extrêmement vigilant pour que les résultats soient observés avec la plus grande impartialité et, s’il s’avérait que la mesure n’a pas été efficace, il faudrait la supprimer.

Bien sûr, la sécurité routière ne se réduit pas à des considérations techniques, comme les limitations de vitesse. Le nombre d’accidents devrait aussi connaitre une baisse importante avec la progression de plusieurs innovations technologiques, dont l’apparition progressive de voitures avec de plus en plus de capteurs permettant d’éviter les accidents et, à plus long terme, le développement du véhicule autonome.

Comme l’a rappelé le Premier ministre, dans 90 % des cas, l’erreur humaine est à l’origine de l’accident. Il est donc raisonnable d’espérer une chute d’accidents dans ces proportions avec l’utilisation croissante de voitures capables d’autonomie de conduite. Si cette innovation était encore au stade du balbutiement il y a quelques années, force est de constater que le véhicule autonome a d’ores et déjà commencé à s’inviter sur nos routes de manière significative. Conscient des bouleversements qu’engendrera cette innovation, je continuerai à être mobilisé sur le sujet afin de préparer au mieux cette révolution annoncée.

Voici les principales mesures du plan d’action pour la sécurité routière :

  • Réduction de la vitesse, première cause d’accident corporel en France ;
  • Lutter contre l’alcool et la consommation de produits stupéfiants au volant, l’alcool étant la deuxième cause de mortalité sur les routes ;
  • Lutter contre le téléphone au volant, responsable d’un accident corporel sur dix ;
  • Renforcer la protection des piétons, car le nombre de piétons tués sur les routes est en hausse constante ;
  • Lancement d’une réflexion pour récompenser les conducteurs vertueux ayant gardé l’ensemble de leur point sur leur permis, soit 37 millions de Français.

En total, le plan détaille 18 mesures nouvelles que vous pouvez retrouver ici

Damien ADAM, député de Seine-Maritime