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Éradiquer la pauvreté au lieu de l’alimenter

Le président de la République a présenté ce jour la très attendue stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté. Notre majorité politique est déterminée à agir contre les inégalités qui rongent notre société : les chances de réussir ne doivent plus dépendre de l’endroit où on est né, de la famille dans laquelle on a grandi, de l’école que l’on a fréquentée. En un mot, mettons fin à la fatalité.

Ce plan d’envergure est le fruit d’un constat dramatique : notre modèle social n’a pas réussi à enrayer la persistance de la pauvreté. La France compte 8,8 millions de personnes pauvres (vivant avec moins de 1000 euros par mois), dont 3 millions d’enfants, soit 1 enfant sur 5. Environ 110 000 personnes sont sans domicile, dont 30 700 enfants. Et 1 Français sur 5 en situation de précarité alimentaire. Ces chiffres sont d’autant plus intolérables que notre modèle alimente le sentiment qu’il est impossible de sortir de la pauvreté une fois qu’on y est entré. Les dépenses d’allocation ont augmenté de 80% en 10 ans, mais la dépense moyenne d’insertion par allocataire a baissé de 50% sur la même période. 1/4 des personnes sans domicile sont des anciens enfants de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Près de la moitié des bénéficiaires du RSA le sont depuis au moins 4 ans et seuls 10% des bénéficiaires du RSA retrouvent un travail dans l’année.

Pour agir, il ne suffit pas de continuer à mener les politiques qui sont mises en place depuis 20 ans, car elles n’ont pas permis de faire reculer la pauvreté. Nous avons besoin d’une nouvelle approche, plus ambitieuse, et qui aura les moyens de ses ambitions.

Notre stratégie, issue d’une réflexion de plusieurs mois, est une stratégie d’investissement social : nous ne voulons plus nous contenter d’indemniser la pauvreté, nous voulons aider les gens à en sortir, ou à ne pas y tomber.

Concrètement, le plan pauvreté doit être mis en œuvre au 1er janvier, nos priorités :

Agir dès la petite enfance, là où beaucoup se joue. A l’entrée en CP, il y a déjà un écart de 1000 mots maîtrisés entre les enfants selon l’origine sociale. De plus, l’accès à la crèche est inégalitaire : 5% des enfants défavorisés sont accueillis en crèche contre 22% des enfants favorisés. Ne pas avoir de solution de garde pour son enfant, c’est être bloqué pour travailler.

  • Les familles les plus modestes n’auront plus à avancer l’argent pour faire garder leurs enfants : nous créons le tiers payant et la CAF paiera directement les frais de crèche ou d’assistante maternelle.

Logement, alimentation, culture… des centaines de milliers d’enfants n’ont toujours pas accès à leurs droits fondamentaux.

  • L’accès à une alimentation équilibrée pour tous sera assuré : des petit-déjeuner seront proposés gratuitement dans tous les collèges de zones prioritaires. Bien mangé, ce n’est pas un détail. Par ailleurs, un fonds réservé aux communes les plus fragiles de moins de 10 000 habitants les incitera à appliquer une tarification sociale de la restauration scolaire avec un plafond du barème le plus bas à 1€ le repas.

60 000 jeunes mineurs entre 16 et 18 ans ne sont ni en emploi, ni en étude, ni en formation.

  • Pour y remédier, nous proposons l’instauration d’une obligation de formation pour tous les jeunes jusqu’à 18 ans pour que 100% des jeunes soient armés pour réussir dans la vie active, en passant par l’apprentissage notamment.

Trop de familles et de travailleurs pauvres méconnaissent leurs droits, d’autres les refusent, pas peur de la stigmatisation qui s’attache au fait de toucher des prestations sociales.

  • Nous lancerons une concertation pour mettre en place un revenu universel d’activité, simple, lisible et plus équitable.
  • L’aide d’accès à une complémentaire santé sera créé, notamment en direction des retraités.

Sortir de la pauvreté passe avant tout pour le travail et l’autonomie qu’il offre.

  • Pour encourager la reprise d’une activité, la prime d’activité sera revalorisée au cours du quinquennat, conformément à l’engagement présidentiel. Le Gouvernement avait engagé la revalorisation de la prime d’activité en 2018. Elle sera poursuivie en 2019 et jusqu’en 2022. Cette augmentation ciblée de la prime d’activité bénéficiera à 3,2 millions de ménages, permettra un gain pouvant aller jusqu’à 80 € par mois au niveau du SMIC, et plus 20€ par mois pour une personne au SMIC dès octobre 2018.

Si aujourd’hui, la plupart des allocataires des minima sociaux sont trop souvent livrés à eux-mêmes, nous créerons un service public de l’insertion, afin de garantir sur tout le territoire l’égal accès à une orientation rapide et un accompagnement personnalisé vers l’emploi.

  • L’Etat prend l’engagement que sous 1 mois, la demande d’un allocataire du RSA soit instruite et qu’une solution d’accompagnement lui soit proposé.
  • Par ailleurs, l’État assurera un investissement exceptionnel de 450 M€ afin d’augmenter le nombre d’aides aux postes dans le secteur de l’insertion par l’activité économique, solution particulièrement efficace pour le retour à l’emploi des personnes les plus vulnérables, permettant ainsi d’accueillir 100 000 salariés supplémentaires.

Au total, 8,5 milliards d’euros sont consacrés à ce plan, avec plus de 2,1 milliards d’euros consacrés à l’investissement social et à la prévention de la pauvreté, plus de 2,5 milliards d’euros à l’accompagnement vers l’emploi et 3,9 pour la revalorisation de la prime d’activité.

Mais finalement, ce qui compte, ce n’est pas tellement les sommes que l’on peut consacrer à ce plan – bien que ces sommes soient très importantes – mais notre capacité à faire sortir de la pauvreté les millions de personnes qui sont touchés. C’est cela notre objectif et nous allons y consacrer toute notre énergie dans les mois à venir.

Damien ADAM,

Député de Seine-Maritime