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Quelle production d’électricité en France dans les prochaines décennies ?

Nous nous sommes engagés à réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité en France de 75 % aujourd’hui à 50 % en 2035 en développant les énergies renouvelables et en fermant enfin la centrale nucléaire de Fessenheim, au plus tard en 2022.

Durant ce quinquennat, nous devons aussi réfléchir à l’avenir de la production d’électricité en France, notamment à partir de 2035. Les réacteurs nucléaires français sont actuellement en grand carénage, ces grands travaux qui visent à étendre la durée d’exploitation des centrales de 10 ans, voire 20 ans pour certaines centrales en bon état.  

Dans le même temps, les énergies renouvelables se développent et voient leur coût diminuer fortement. Quand on regarde le LCOE (Levelized Cost of Energy – coût complet de l’énergie en prenant en considération le coût de l’équipement et son entretien sur toute sa durée de vie), ces énergies deviennent de plus en plus compétitives. C’est déjà le cas de certaines technologies matures comme le photovoltaïque ou l’éolien sur terre.  

Les centrales nucléaires actuelles permettent de produire une énergie à 42€/MWh, un coût parmi les plus bas du marché et qui permet aux Français de payer un prix de l’électricité parmi la moins chère d’Europe. Grâce au nucléaire, aux barrages hydroélectriques et aux énergies renouvelables, elle est aussi fortement décarbonée (86 %). EDF et Framatome (ex Areva) développent une nouvelle génération de réacteurs nucléaires, l’EPR. Selon les données de l’ADEME, avec une mise en série des réacteurs EPR (développement de 6 réacteurs avec 2 tranches par site sur une durée d’une vingtaine d’années), le coût pourrait être réduit à 70€/MWh. C’est le scénario que développe EDF et son PDG, Jean Bernard LEVY, a confirmé devant les Sénateurs ce coût du MWh. Nous devons évidemment prendre ce coût avec du recul. Il est théorique et l’exemple de l’EPR de Flamanville qui a vu son coût tripler par rapport à ce qui était prévu initialement nous prouve bien qu’il ne se traduit pas toujours dans la réalité.  

La ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, a demandé à EDF d’étudier un autre scénario : celui où on ne développerait pas de nouveaux EPR après celui de Flamanville mais où nous investirions tout dans les énergies renouvelables. Compte tenu de la baisse de coûts de ces énergies et du prix attendu de l’EPR, ce scénario est envisageable et doit en tout cas être étudié finement. Il pourrait permettre d’avoir à la fois une énergie décarbornée et une énergie compétitive en évitant les 2 principaux écueils des centrales nucléaires : la gestion des déchets radioactifs et les risques de sûreté nucléaire.  

Néanmoins, il faut que nous soyons certains que le prix de l’électricité produit sera le plus compétitif possible. Les Français n’accepteraient pas de payer plus cher une énergie pas plus décarbonée que le nucléaire. Nous devons également prendre en compte l’acceptation sociétale des énergies renouvelables. En effet, de plus en plus d’habitants se plaignent de la présence d’éoliennes près de chez eux. Il nous faut également prendre en considération l’ensemble des personnes qui travaillent pour la filière nucléaire en France. C’est près de 200 000 personnes. Si on ne développe pas de nouveaux EPR, ce nombre aura vocation à se réduire fortement au fil du temps et nous devrons anticiper et préparer la reconversion de milliers de salariés.   

Le Gouvernement et la Majorité présidentielle devront faire un choix. Ce choix devra être le plus économique pour les Français et le plus vertueux pour l’environnement. Il se fera d’ici 2022 en fonction d’analyses approfondies des 2 scénarios (nouveaux EPR ou énergies renouvelables) en pesant les avantages et les inconvénients de chaque scénario avec une seule boussole : l’intérêt de la France.