Les résultats de la France dans le dernier classement PISA publié ce mardi 5 décembre montrent la nécessité de réformer en profondeur notre système éducatif pour réhausser le niveau des élèves. Le ministre de l’Éducation national, Gabriel Attal, a annoncé ce mardi 5 décembre, une série de mesures destinées à provoquer un véritable “choc des savoirs” dans les établissements scolaires. Cette feuille de route se déclinera à l’école, au collège et au lycée.  

Un collège qui ne parvient plus à élever le niveau des élèves

Le classement PISA, qu’est-ce que c’est ? 

Créée en 2000 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’évaluation du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) teste les compétences des élèves de 15 ans en compréhension de l’écrit, sciences et mathématiques. Cette étude est menée tous les trois ans dans 85 pays pour mesurer l’efficacité de leur système éducatif. 

Des résultats catastrophiques en mathématiques et en français

Les derniers résultats du classement PISA montrent une baisse importante du niveau des élèves à l’échelle internationale. Si la France reste dans la moyenne dans les trois domaines étudiés, elle n’échappe pas à une baisse de la performance. En mathématiques, le niveau de nos élèves recule de 21 points, et de 19 points en compréhension de l’écrit par rapport à 2018. 

Le classement de la France n’est pas le résultat de notre politique éducative menée depuis 2017 mais plutôt celui des politiques mises en place lors du quinquennat de François Hollande qui ont fragilisé le niveau des élèves. En effet, les collégiens qui ont passé les évaluations PISA l’an dernier, font partie de la dernière génération à ne pas avoir bénéficié des moyens massifs que nous avons mis en place à l’école primaire tels que le dédoublement des classes dans les zones d’éducation prioritaires.

Un électrochoc pour notre école

Durant deux mois, une mission composée d’experts nationaux et de professeurs a auditionné près d’une centaine d’acteurs éducatifs, scientifiques, syndicaux. Ces travaux ont contribué à l’écriture de la feuille de route du Ministère de l’Éducation nationale qui s’articule autour de trois axes :  

Axe 1 : Mieux soutenir nos professeurs 

→ De nouveaux programmes à l’école primaire 

À la demande des enseignants qui regrettent le manque de clarté des programmes scolaires, le Ministre de l’Éducation a demandé au Conseil Supérieur des Programmes une revue générale des programmes autour de quatre principes : clarté, exigence, science et culture générale. 

Ces nouveaux programmes entreront en vigueur dès la rentrée 2024 pour les élèves de maternelle, de CP, CE1 et CE2 et dès la rentrée 2025 pour les classes de CM1 et CM2.

→ Généralisation de la “méthode de Singapour” 

Le système éducatif de Singapour est réputé pour les excellents résultats de ses élèves en mathématiques. La méthode de Singapour, qui anticipe par exemple l’apprentissage des fractions et des nombres décimaux dès la classe de CE1, a fait ses preuves dans les 70 pays qui l’ont appliquée. Ainsi, dès la rentrée prochaine, cette méthode sera adoptée progressivement de la primaire au lycée. 

→ Des manuels pour les élèves de CP et CE1

Aujourd’hui, 60 % des élèves de CP ne disposent pas de manuels. Or, un bon manuel scolaire permet d’élever le niveau. C’est pourquoi, l’État et les collectivités financeront un manuel de lecture et un manuel de mathématiques pour les élèves de CP et CE1.  

→ Labelliser nos manuels scolaires 

Contrairement au Japon et au Portugal, la France ne dispose d’aucun mécanisme permettant de certifier la qualité de ses manuels scolaires. Ainsi, dès la rentrée 2024, un organisme sera chargé de labelliser les manuels en fonction de leur respect du programme et de leur qualité pédagogique.  

Axe 2 : Des enseignements adaptés aux besoins des élèves

→ Des groupes de niveau en classes de 6ème et 5èmes

Dès la rentrée 2024, des groupes de niveau seront mis en place en mathématiques et français.  Ces groupes de niveaux seront constitués en fonction des besoins identifiés par les professeurs ainsi que par les résultats aux tests de positionnement de début d’année. Ils pourront évoluer en cours d’année pour tenir compte de la progression des élèves.

Les groupes les plus en difficulté seront dédoublés, avec des effectifs réduits, permettant aux professeurs de disposer des conditions d’enseignement les plus favorables pour faire progresser leurs élèves.

→ Un renforcement des savoir fondamentaux en seconde professionnelle  

À l’entrée en seconde professionnelle près de deux-tiers des élèves présentent des fragilités en mathématiques et en français. C’est pourquoi, dans la voie professionnelle, les enseignements généraux de mathématiques, de français et d’histoire-géographie seront renforcés dès la rentrée 2024.

→ Un renforcement des savoir fondamentaux pour les élèves en très grande difficulté

Dès l’entrée au collège, et à tout moment de l’année, les conseils de classe pourront proposer aux élèves en grande difficulté un renforcement dans les enseignements fondamentaux jusqu’à 2 à 3 heures par semaine. La durée du parcours sera individualisée selon les besoins des élèves. 

Axe 3 : Rehausser le niveau d’exigence et d’ambition pour tous les élèves

→ Le “correctif académique” des notes du brevet et du baccalauréat sera supprimé. Aujourd’hui, un jury de professeurs se réunit pour comparer la correction des différentes copies qui s’éloigneraient trop de la moyenne. Pour que le baccalauréat et le brevet reflète le niveau réel des élèves, nous supprimons dès cette année à ce correctif académique.

→ Le brevet deviendra véritable examen d’entrée au lycée 

Aujourd’hui, un élève qui n’obtient pas son brevet peut tout de même passer en seconde. Néanmoins, lorsqu’on échoue au brevet, cela signifie que l’on n’a pas le niveau pour entrer au lycée. Nous redonneront une véritable exigence à ce diplôme national qui deviendra nécessaire pour passer en seconde. 

→ Une nouvelle épreuve anticipée de mathématiques sera instaurée en fin de 1ère générale et technologique. Elle permettra de tester la capacité des élèves à comprendre les principaux objets mathématiques indispensables à tous, à résoudre des problèmes fondés sur des données et à construire un raisonnement logique.

→ Les professeurs auront le dernier mot en matière de redoublement. 

Un élève en difficultés que l’on veut à tout prix faire passer dans la classe supérieure sera condamné à un échec forcé. Un redoublement n’est jamais une sanction, il est au contraire une opportunité de plus pour réussir. 

En fin d’année, les professeurs auront deux possibilités : 

• un passage sous condition après des stages de réussite ou du tutorat pendant les vacances scolaires pour permettre à l’élève une remise à niveau ;

• un redoublement en cas de grandes difficultés.