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J’ai quelque chose à vous dire sur la réforme des retraites

Après plusieurs semaines de débats parlementaires et des mois de concertation avec les partenaires sociaux, la réforme des retraites est soumise au vote de l’Assemblée nationale aujourd’hui à 15h. Ce vote fait suite à la commission mixte paritaire qui s’est réunie hier où sénateurs et députés se sont mis d’accord sur un texte commun. Cette loi suscitant beaucoup de questionnements, j’ai souhaité vous expliquer ma vision des choses et vous partager le choix que je ferai cet après midi.

Nous le savons depuis le début, la réforme des retraites présente une mesure impopulaire, le relèvement de l’âge légal dans notre pays de 62 à 64 ans d’ici 2030. C’est le point de crispation de cette réforme et ce qui suscite la mobilisation de certains Français et des syndicats pour s’opposer au texte. C’est normal et je le comprends. Demander un effort n’est jamais facile à accepter et moi-même si j’avais le choix, je préférerais partir le plus tôt possible à la retraite pour pouvoir profiter du temps libre que cette période permet. Malheureusement, et nous le savons tous, il y a ce qu’on aimerait et ce qui est possible. 

Une réforme nécessaire

Nous aurions aimé n’avoir rien à changer mais la situation l’exige : nous devons relever l’âge de départ à la retraite pour assurer la pérennité à long terme de notre système de retraite par répartition et éviter d’avoir plusieurs dizaines de milliards d’euros par an de déficit de la branche vieillesse de l’assurance maladie que nous chérissons toutes et tous. Autrement dit, nous devons relever l’âge de départ pour être certain, qu’aujourd’hui et demain, nous puissions verser les pensions de retraites promis aux Français dans un contexte où la proportion du nombre de retraités ne cesse d’augmenter par rapport aux actifs (1,7 actif pour 1 retraités contre 3 pour 1 il y a plusieurs dizaines d’années) grâce à la progression notamment de l’espérance de vie dans notre pays. Si nous ne reculons pas l’âge aujourd’hui, il faudra bien finir par le faire et le retard pris amènerait à une décision plus radicale. Il est important d’avoir à l’esprit également que 40 % des Français pourront partir avant l’âge légal car ils ont eu une carrière longue, un métier pénible ou une situation de handicap ou d’invalidité. Faire en sorte qu’ils partent plus tôt, c’est faire oeuvre de justice.

Les opposants à la réforme n’étant pas à une contradiction près, ils disent en même temps que le relèvement d’âge n’est pas nécessaire mais aussi qu’il faudrait taxer les riches pour assurer la pérennité du système, ce qui prouve bien qu’au final, ils ont conscience qu’il y a un souci. Avec leur solution « miraculeuse » consistant à taxer les riches, ils oublient un peu vite que cela fait 50 ans qu’on le dit dans ce pays et que les élus qui se sont succédés ont pris les mesures nécessaires. C’est ce qui fait d’ailleurs que nous sommes le pays au monde avec le plus de redistribution entre les plus aisés et les plus pauvres et un des rares où le taux de pauvreté ne progresse pas puisqu’il est stable depuis plusieurs années. Rappelons également que nous sommes le pays avec le taux d’imposition et de taxation le plus important au monde donc la solution ne peut pas être de taxer plus. Ce n’est en tout cas pas ma philosophie et j’ai pris l’engagement durant ma campagne de m’opposer à toute hausse d’impôt. Souvenons-nous qu’à chaque fois qu’il a été dit par les élus qu’ils allaient taxer les riches, c’est la classe moyenne qui finit par avoir des hausses d’impôts.

Dernier point important à propos du relèvement de l’âge légal à 64 ans, aujourd’hui un salarié du secteur privé part à un âge effectif à la retraite de 63,5 ans alors même que l’âge légal est à 62 ans et que cet âge effectif va progressivement atteindre 64 ans. En effet, puisque pour partir à la retraite, il faut avoir atteint l’âge légal et avoir le nombre suffisant de trimestres cotisés pour avoir une retraite à taux plein, les Français attendent d’être à taux plein pour partir ce qui donne cet âge effectif. Rappelons par ailleurs que c’est François Hollande et les socialistes (avec le soutien des partenaires sociaux à l’époque et de la CFDT en particulier) qui ont voté le passage de 168 à 172 trimestres cotisés en 2014 dans le cadre de la réforme des retraites Touraine. Rares sont les socialistes qui ont la sincérité aujourd’hui de le rappeler. Enfin, il est important de parler de l’espérance de vie. Selon les chiffres officiels de la DREES incontestables et incontestés, l’espérance de vie en bonne santé quand on a atteint 65 ans est de plus de 10 ans et de plus de 15 ans sans incapacité grave. Concrètement, cela signifie qu’un citoyen français peut espérer vivre en moyenne en bonne santé jusqu’à 75 ans et jusqu’à 80 ans sans de gros problèmes de santé. Ces données progressent en moyenne d’un trimestre par an et il n’y a pas de raison que cela s’arrête demain, surtout si nous préservons notre système de sécurité sociale qui permet d’accompagner les Français tout au long de la vie.


De nombreuses mesures soutenues par les Français 

Au-delà de cette mesure d’âge dont j’ai rappelé peut-être trop longuement les éléments, la réforme des retraites comporte également de nombreuses mesures soutenues par les Français :

 – 1,8 millions de retraités parmi les plus modestes vont voir grâce à cette réforme leur retraite augmenter chaque mois de plusieurs dizaines d’euros dont 900 000 personnes de plus de 70 € par mois.

 – Nous allons mieux prendre en charge la pénibilité en permettant aux Français qui ont eu un métier pénible de partir dès 62 ans et d’avoir un meilleur suivi médical via un entretien obligatoire à 61 ans ainsi qu’une réduction de la pénibilité à la source et la création d’un congé de reconversion pour permettre à ceux qui le veulent de changer de métier.

 – Nous mettons fin aux régimes spéciaux qui ne sont plus justes, car ils ne correspondent plus à la pénibilité ressentie aujourd’hui et nous le faisons pour les nouveaux embauchés uniquement (clause du grand-père) pour prendre en compte le contrat moral passé entre l’État et ceux qui travaillent déjà dans ces régimes.

 – Nous ajoutons des mesures pour que les séniors soient mieux considérés dans le monde du travail avec la création d’un index sénior et l’expérimentation d’un CDI sénior  (dont les partenaires sociaux définiront les détails dans les prochains mois) pour permettre aux personnes en recherche d’emploi à quelques années de la retraite d’avoir plus de chance qu’aujourd’hui de retrouver un travail. 

 – Pour la première fois, nous mettons en œuvre une mesure de compensation de l’inégalité salariale entre homme et femme en créant une surcôte de 10 % pour les mères de famille.


Une réforme annoncée dans le programme d’Emmanuel Macron

Cette réforme des retraites et notamment la mesure d’âge a été annoncée lors des campagnes présidentielles et législatives de 2022. Pour la première fois de l’histoire de notre régime politique, nous avons assumé de dire aux français pendant la campagne ce que nous allions faire sur les retraites. Malgré cette mesure, le président de la République et une majorité ont été élus même si nous savons bien que nous avons perdu des voix et la majorité absolue à cause essentiellement de cette mesure. Aucun électeur ne peut donc dire aujourd’hui qu’il ne savait pas que nous proposerions une réforme des retraites. Nous avions d’ailleurs annoncé une mesure plus dure que celle que nous proposons aujourd’hui puisque notre programme indique 65 ans comme âge légal cible contre 64 ans dans la réforme soumise au vote ce jour. 

Dans une démocratie représentative, les citoyens choisissent des représentants, en France des députés, pour exercer un mandat et prendre des décisions au nom du peuple français et de l’intérêt général. En avril et juin 2022, vous avez décidé de faire confiance à Emmanuel Macron pour 5 ans et de me choisir pour vous représenter à l’Assemblée nationale dans la 1ère circonscription de Seine-Maritime pour assumer ce rôle. Nous ne sommes pas là pour prendre uniquement des décisions faciles sinon nous n’aurions pas besoin d’élus. Ma responsabilité vis-à-vis des citoyens que je représente est d’agir dans notre intérêt collectif, de penser aux générations futures et de préserver au maximum les avancées permises par ceux qui nous ont précédés. J’ai conscience que cette réforme n’est pas consensuelle mais je pense qu’elle est indispensable Je ne souhaite pas que l’on puisse me reprocher dans quelques années de ne pas avoir agi alors que nous avions connaissance de la difficulté financière de notre système de retraite. En responsabilité, je voterai donc cette réforme des retraites car au-delà de la mesure d’âge qui est nécessaire, il y a de nombreuses avancées dans ce texte qui ont émergé au fil des discussions avec les Français et les partenaires sociaux et qui viennent pérenniser et renforcer la justice de notre système de retraite.