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Dundee, UK - October 10, 2013: A woman walking past a window display for the Primark at the Overgate shopping centre in central Dundee.

Primark : parce qu’une autre vision du commerce face aux enjeux climatiques est nécessaire, je ne participerai pas à l’inauguration du magasin de Rouen

Ce vendredi 1er décembre, le magasin Primark du centre commercial Rouen Saint Sever sera inauguré. Je le sais, il est très attendu par certains. Invité à son inauguration, j’ai décidé de ne pas être présent et je tiens à vous expliquer pourquoi.

J’ai bien conscience que ce magasin propose des produits à des tarifs très bas permettant à des citoyens avec un faible pouvoir d’achat d’acheter ce qu’ils ne pourraient pas s’offrir en même quantité ailleurs. J’ai également conscience que ce magasin Primark va offrir un contrat de travail à 240 personnes. J’ai conscience, enfin, que l’arrivée de cette boutique va offrir une attractivité supplémentaire au centre commercial Saint Sever qui profitera aussi aux autres commerces.

Toutefois, en tant qu’élu et acteur engagé pour la transition écologique, j’ai le devoir de sensibiliser la population à l’impact environnemental de notre consommation, notamment de nos vêtements. Nous achetons bien plus d’habits qu’auparavant et nous les gardons moins longtemps. Pire, 70 % des vêtements qui constituent notre garde-robe ne sont pas portés. L’industrie textile est responsable en outre de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, c’est plus que l’aviation et le transport maritime réunis. 

À l’inverse du modèle fast fashion de Primark, nous devons faire d’autres choix. C’est possible ! Avec le même budget, y compris pour les plus précaires et sans être pour autant mal ou pas assez habillé. C’est ainsi avoir une garde robe moins fournie et des vêtements portés plus longtemps. Cela permet d’acheter des produits plus durables, recyclables, avec moins de substances dangereuses, fabriqués plus près de chez nous et dans de meilleures conditions sociales. C’est toute l’ambition de la majorité présidentielle avec la campagne de sensibilisation sur les “Dévendeurs” qui a commencé ces dernières semaines.

C’est aussi favoriser les vêtements de seconde main (vinted, friperies,…) et prolonger leur durée de vie, aidée, par exemple, par le bonus réparation que nous avons créé et qui permet de rendre accessible pour tous le rapiéçage de vêtements ou de chaussures.

Certains esprits malhonnêtes pourraient tenter de trouver chez moi une incohérence vis-à-vis de mon soutien passé à l’arrivée d’Amazon sur notre territoire. Ils se tromperaient, car il y a au contraire une constante : que ce soit sur Amazon, en grande distribution ou chez votre commerçant indépendant, ce qui compte le plus pour la planète, c’est avant tout le produit qui y est acheté.

Je ne crois pas aux interdictions, aux moratoires ou à toute forme de contrainte sans alternative raisonnable. A la fin, elles sont inefficaces car rejetées par le plus grand nombre. Je crois, par contre, à la force de la connaissance et au pouvoir du citoyen acteur de sa consommation. Face à la fast fashion, l’alternative est là, à portée de main. Il suffit à chacun de s’en saisir pour changer de modèle. Je tenais, par cohérence et sincérité et en intégrant la complexité du monde réel, à vous partager ces quelques éléments pour renforcer votre connaissance et donc votre pouvoir d’agir.